Belvédère de Luce – Fermeture
La commune de Lumbin, sur sollicitation du Département de l’Isère, vient de prendre un arrêté municipal interdisant l’escalade sur le site du Belvédère de Luce.
Le CT38 FFME regrette cette décision.
Certes, le site était déjà inaccessible car le sentier du Pal de Fer, utilisé en partie pour y accéder, est interdit depuis 2021 suite à un important éboulement.
Cet arrêté vient donc clarifier une situation un peu confuse. Mais cette clarification passe par une extension de l’interdiction alors que le CT38 FFME militait pour une levée complète de la restriction d’accès à ce site.
On vous explique tout cela…
Le site du Belvédère de Luce a été équipé à partir de fin 2019 après une longue procédure d’autorisation et une inscription au PDESI. Dès fin 2020 le succès est au rendez vous et le site connaît une forte fréquentation. Tout va bien dans le meilleur des mondes (ou presque !).
Hélas, en 2021 les falaises proches de la cascade de l’Oule subissent un très gros éboulement. Le sentier du Pal de Fer est impacté et le Préfet enjoint les communes de Lumbin et du Plateau des Petites Roches à en interdire l’accès.
L’accès au Belvédère de Luce empruntant une portion de ce sentier, il devient alors officiellement impossible d’y accéder. Et ce, même si la portion concernée n’a nullement été concernée par l’éboulement. Fin 2021, la situation se complique encore, une lave torrentielle, liée au transport des matériaux issus de l’éboulement par une crue du torrent, vient détruire une partie des voies et la gare basse du funiculaire. Plus tard, d’autres chutes de blocs, résiduelles, sont constatées, notamment en 2023.
On le comprend, la présence de cette infrastructure touristique et historique donne une dimension particulière à la zone. Dans le cadre des réflexions menées en vue de permettre une reconstruction et une remise en service du funiculaire, une étude géotechnique est réalisée fin 2023. Elle concerne l’ensemble des falaises dominant le funiculaire et donc aussi la portion de falaise dominant le sentier d’accès au site du Belvédère de Luce. Cette étude révèle, sans surprise, qu’il reste d’importants risques de chutes de blocs, principalement dans la zone déjà touchée en 2021 et 2023. Et préconise d’importants travaux de protection du tracé du funiculaire. Le tableau paraît bien sombre mais au milieu de tout ça, une toute petite partie concerne la randonnée et le fameux sentier du Pal de Fer.
L’étude y met en évidence que le sentier est très exposé au risque de chute de blocs sur la portion inférieure située à proximité du cours d’eau, « sur le reste du cheminement ce niveau de risque ne paraît pas incompatible avec le passage d’un sentier de montagne ».
Pour le CT38 FFME, cet argument arrivait au bon moment, pour faire évoluer les arrêtés d’interdiction du sentier du pal de Fer pour que la portion permettant d’accéder au Belvédère de Luce puisse à nouveau être autorisée.
En effet, dans le contexte local, avec l’injonction préfectorale de réglementer l’accès à la zone et l’occurrence répétée de chute de blocs, il est logique que les élus des communes de Lumbin et du Plateau des Petites Roches aient dû fermer le sentier du Pal de Fer. Il est en effet de leur devoir d’élus de veiller à la sécurité des personnes sur leur commune et dans ce cas précis on ne peut leur reprocher une ouverture de parapluie gratuite.
Mais de notre point de vue, cette conclusion de l’étude concernant » le passage d’un sentier de montagne » était un bon moyen de justifier d’une évolution de leurs arrêtés d’interdiction (= ré autoriser la portion non concernée par le risque) sans que l’on puisse leur reprocher un manquement à leur obligation de sécurité. Cette conclusion de l’étude permettait donc d’envisager une réouverture de l’accès au Belvédère de Luce et donc une clarification positive de sa situation.
C’est cette position que nous sommes allés défendre au cours d’une réunion avec le Département et des élus et cadres de la Communauté de Commune du Grésivaudan et de la Commune du Plateau des Petites Roches début juin 2025. Hélas, nos arguments n’ont pas portés. Au contraire, il a été décidé de solliciter la Commune de Lumbin pour que le site d’escalade en tant que tel soit également interdit.
Nos remarques sur la faible proportion de grimpeurs empruntant le sentier comparativement aux parapentistes et randonneurs n’a pas eu de poids. Les grimpeurs, empruntant une portion de sentier où » le risque ne paraît pas incompatible avec le passage d’un sentier de montagne » se voient donc punis. Et la problématique liée au passage de randonneurs et parapentistes sur une portion exposée reste, quant à elle, entière…
Bien que frustrés, nous réaffirmons notre volonté de continuer à dialoguer et travailler avec les collectivités concernées.
En effet, malgré la perspective d’une réouverture du funiculaire à l’horizon 2027 et donc d’une levée des autres restrictions (?) on ne se résout pas au statu quo en attendant. Ainsi, la piste d’une nouvelle étude géotechnique spécifique à la fréquentation d’un sentier de montagne est en réflexion (est-ce vraiment la solution ou le risque d’ouvrir une nouvelle boite de Pandore?). Dans tous les cas, nous allons continuer à travailler ce dossier afin de trouver une solution équilibrée et respectueuse des enjeux de sécurité et de valorisation des sites naturels d’escalade, au service des pratiquants et des territoires.