Pourquoi un Topo ?

« Ze Topo » est l’aboutissement d’un travail collectif, cependant la tradition veut que le président du moment se fende d’un mot d’in­troduction, histoire de dire qu’il a participé à l’oeuvre. Je me plie donc à l’exercice avec plaisir. Certainement peu d’entre vous vont prendre le temps de parcourir ce texte mais je vais tenter à ma manière de contribuer à sa raison.

Cette nouvelle édition du topo des falaises sportives de l’Isère est la troisième dans l’ordre de succession. L’aînée est sortie en 2011 mais n’a tenu que 2 ans. Gros succès en librairie, le stock n’a pas résisté bien long­temps à l’assaut des grimpeurs. La 2ème édition sortie en 2013 a combattu un peu plus longtemps. Mais il a fallu se résigner, 5 ans plus tard, nous n’avions pas le choix, il était nécessaire de se remettre au travail. L’ob­jectif était simple, essayer de faire aussi bien que nos 2 aînées qui avaient mis la barre déjà très haut.
Pour cela, le meilleur moyen était de s’entourer des incontournables de la discipline en Isère, ex­perts de la perceuse, jardinier et terrassiers de la « vertical limit » appelés plus communément « les équipeurs », acteurs de l’ouverture des voies, mais aussi de leur entretien. Vous lirez leurs noms tout au long de cet ouvrage, notre geste de recon­naissance du travail accompli depuis maintenant plus de 40 ans pour certains !
L’escalade sportive est certainement une des activités de pleine nature qui a le plus évolué au cours de ces dernières décennies. Pratiquée tout d’abord par des groupes d’initiés, ce substitut du terrain de montagne s’est largement popula­risé à partir des années 1980 pour devenir une discipline à part entière. La multiplication des nombreuses Structures Artificielles y est sans aucun doute pour beaucoup dans l’évolution de ce sport, de sa mise en lumière et de sa popularité grandissante.
Dès les années 1980, la FFME a fortement contribué au développement de l’activité en milieu naturel en signant des conventions déchargeant le propriétaire (privé ou public) de sa responsabilité, cette dernière étant alors assumée entièrement par la Fédération. Cette stratégie, très volontariste et visionnaire aux re­gards de l’engouement actuel de cette pratique, a été assurément le point de départ de la multiplication des sites de pratique sur l’ensemble de l’hexagone.

Tout cet investissement avait un seul objectif : que tous les grimpeurs, licenciés de notre Fédération ou NON puissent avoir la garantie d’accéder libre­ment et GRATUITEMENT aux sites de pratique.

Nous comptons à ce jour, plus de 2500 sites d’escalades répertoriés au niveau national. Parmi toutes ces falaises, la Fédération a signé jusqu’à plus de 1000 conventions d’autorisation d’usage avec les différents propriétaires privés et collecti­vités publiques et ceci sans compter les multiples conventions annexes signées pour des droits de passages, des accords avec les associations et fé­dérations des autres activités de pleine nature ou encore avec acteurs de l’environnement.
Tout cet investissement avait un seul objectif : que tous les grimpeurs, licenciés de notre Fédération ou NON puissent avoir la garantie d’accéder libre­ment et GRATUITEMENT aux sites de pratique.
Cependant, cette 3ème édition de « Ze Topo » sort dans un contexte bien particulier. Nous sommes certainement à un tournant de notre pratique. En effet alors que la Fédération a su jusqu’à mainte­nant assumer ses responsabilités en déchargeant les propriétaires de la garde de la chose, un juge­ment plus communément appelé « l’affaire Vin­grau » vient remettre en cause l’ensemble de cet édifice patiemment construit au fil des années.
Après une première condamnation en 2016, la cour d’appel de Toulouse confirme la sanction de la respon­sabilité sans faute de la FFME (c’est-à-dire pour le seul fait d’avoir la garde de la chose). Le jugement de pre­mière instance est même alourdi, la fédération devant indemniser les victimes à hauteur de 1,3 millions d’eu­ros. A travers cette décision, la justice pointe le risque insupportable pour la FFME d’assumer la responsabi­lité des 800 sites actuellement encore sous convention.
L’accès aux sites de pratique pour tous (on estime à environ 1 000 000 le nombre de pratiquants en France) ne peut pas être exclusivement supporté par les 100 000 licenciés de la FFME.
Afin d’apporter une réponse à cette jurisprudence à charge envers la garde de la chose, il était in­dispensable d’une part de proposer un nouveau mode de conventionnement permettant un par­tage plus équitable des responsabilités, et d’autre part de faire évoluer la réglementation du code du sport pour ce qui concerne la responsabilité civile.

L’accès aux sites de pratique pour tous […] ne peut pas être exclusivement supporté par les 100 000 licenciés de la FFME.

La fédération a ouvert des discussions auprès du législateur pour que celui-ci revienne sur le prin­cipe de responsabilité sans faute. L’objectif est que la responsabilité civile des propriétaires et gestionnaires de sites naturels ne soit engagée qu’au titre des dommages causés ou subis lors de la pratique sportive et ce qu’en raison d’une res­ponsabilité avec faute. Ce chantier est ambitieux, il dépasse largement le seul cadre de l’escalade.
L’ensemble des fédérations sportives de pleine nature est concerné, puisqu’il s’agit de redéfinir les contours de la responsabilité civile dans le cadre de la pratique d’un sport et de l’acceptation du risque.
En parallèle de cette approche législative, les pre­mières initiatives de mise en place d’une gestion partagée montrent clairement la faisabilité de cette réorganisation pour un partage de risque acceptable par tous.
Mais, il ne faut pas le cacher, le chemin sera long. Tous les échelons de la Fédération sont mobilisés pour atteindre l’objectif. Le statut de fédération délégataire est un atout majeur pour faire avancer le dossier auprès des pouvoirs publics.
Du point de vue opérationnel, les Comités Territoriaux responsables de la mise en oeuvre du plan territorial d’équipement et d’entretien sont complètement légitimes pour prendre en charge la gestion de ce transfert de responsabilité. La connais­sance du terrain, des institutions locales, des ser­vices publics des territoires font des comités territo­riaux les acteurs incontournables de cette transition.
L’ampleur de la tâche est grande, le terrain est encore très peu balisé. Les recettes magiques reproductibles n’existent malheureusement pas. Nous disposons seulement de modèles de fonctionnement qui né­cessitent d’être adaptés à chaque territoire, chaque falaise et voire même à chaque secteur de pratique.
Le Comité Isère, très souvent aux avants postes pour ce qui concerne la gestion des SNE, assume complètement son rôle. Nous avons entamé depuis 2017, un travail de renégociation pour l’ensemble des conventions des sites dont nous avons la charge.
Cette nouvelle mission est plus proche des salles de conseils, des bureaux d’élus ou de cabinets spécialisés que de nos terrains de jeux favoris. Cependant, nous n’avons pas le choix, notre co­mité se doit d’assumer la charge, seul alternative possible pour garantir l’avenir.
Nos partenaires institutionnels (Département, communes, syndicat de tourisme, etc.) sont volontaristes et parties prenantes dans nombreux de nos projets. Leur support financier s’avère indispensable comme dans le cadre de la mise aux normes des sites existants, de l’autorisation d’accès et d’ouverture de sites. Nous travaillons au quotidien avec eux pour trouver les meilleures solutions dans cette transformation.

La part licence contribue à moins de 15% de notre besoin de financement […] La source de revenu généré par la vente du topo est indispensable à l’équilibre de notre budget. Les deux premières éditions ont montré leur efficacité affichant un résultat consolidé de plus de 12 000 € par an.

Nous pouvons, bien sûr, également compter sur la contribution des licenciés, mais ce nombre reste chaque année bien faible par rapport à l’ensemble des pratiquants. La part licence contribue à moins de 15% de notre besoin de financement. Toutes les sources de financement sont fortement dépendantes des politiques publiques, ce qui rend le système de plus en plus fragile. Une diversifica­tion de nos revenus est le seul moyen de pérenni­ser les emplois salariés, nos projets de développe­ment et par conséquence nos actions sur le terrain. Dans ce contexte, vous comprenez bien que la source de revenu généré par la vente du topo est indispensable à l’équilibre de notre budget. Les deux premières éditions ont montré leur efficacité affichant un résultat consolidé de plus de 12 000 € par an. Clairement, de nombreux projets d’ouver­ture et d’entretien n’auraient pas pu aboutir sans cette contribution.

NOUS COMPTONS SUR VOUS POUR CETTE 3ÈME ÉDITION. Acheter ce magnifique ouvrage est la manière efficace et sans intermédiaire pour soutenir l’équipe des salariés et les bénévoles du Comité qui s’activent au quotidien pour vous assurer l’accès à un maximum de sites de pratiques de notre territoire que l’on soit débutants, experts, clubs ou groupes d’amis.

Partager votre exemplaire rend service à un(e) ami(e), acheter « Ze Topo » profite à toute la communauté de grimpeurs. N’hésitez donc pas à investir quelques euros pour la bonne cause. En plus de vous apporter les meilleures informations pos­sibles pour vos sessions en falaise, vous contribuez directement à l’entretien de tous vos sites favoris.
Il ne reste plus qu’à vous souhaiter bonne grimpe à toutes et à tous… bien entendu avec joie et bonne humeur !

Bruno Roux
Président du CT38 FFME