Comme vous le savez sans doute déjà, le 3 avril dernier l’AG élective de la FFME Nationale s’est déroulée en visioconférence afin de remplacer l’équipe sortante menée depuis quatre mandats par Pierre You. Initialement prévue en présentiel à Nantes, suite aux restrictions sanitaires énoncées le 31 mars par le président de la république, Pierre You a décidé le jeudi 1er avril de la dématérialiser tout en conservant un huis clos à Nantes entre VIP fédéraux et représentants des 2 listes candidates.

Deux ans déjà que nos AG se passent en visioconférence sur des votes près importants en limitant ainsi grandement le débat démocratique à la fois pour des raisons techniques et organisationnelles, c’est très dommageable pour la démocratie fédérale et finalement l’unité profonde de la fédération. Nous avons assisté ainsi à une AG organisée un peu comme une remise des césars, une parole bien huilée, des échanges réglées et circonscrits, beaucoup de congratulations entre acteurs de l’équipe en place qui finalement auront naturellement servi l’un des candidats puisqu’il qu’il était à la fois trésorier dans l’équipe en place mais aussi candidat à la présidence.

Deux listes se présentaient donc :

– Celle d’Alain Carrière, « Ensemble Fédérons notre diversité » qui prônait la « continuité dans le changement » illustrée par du déclaratif et de bonnes intentions sur une nouvelle gouvernance mais tout en restant très vague dans son opérationnalisation.

– Celle de Claude Chemelle, « Cap24FFME Tous ensemble avec nos Territoires », qui portait un objectif de rupture et un rééquilibrage entre compétition et loisirs, entre escalade et autres activités de montagne avec des lignes tracées et des annonces concrètes pour une gouvernance plus à l’écoute et collaborative avec les territoires.

Nos convictions, notre vision du rôle de la fédération, le travail que nous effectuons au quotidien avec nos salariés, les réponses que nous ont faites les 2 listes aux questions écrites que nous leur avions adressées puis fait suivre aux clubs, les retours de nos clubs concernant ce vote futur nous ont amenés à soutenir sans hésitation la liste de Claude Chemelle « CAP 24 FFME ».

Les résultats* sont tombés et c’est la liste d’Alain Carrière qui l’a emporté. C’est une déception pour nous car nous avions mis beaucoup d’espoirs dans un vrai changement à la tête de la FFME avec une politique plus tournée vers le pratiquant « loisir » et le soutien renforcée à toutes nos autres activités de montagne. Nous étions également en attente d’une gouvernance beaucoup plus partagée en liaison avec les acteurs locaux que nous sommes. Les territoires ont tous leurs spécificités, beaucoup de collectivités ont compris l’intérêt de nos activités et s’en emparent en octroyant des financements et de la logistique. Il va de soi qu’une gouvernance fédérale centralisée et descendante n’est plus de notre époque et finalement sera reléguée à un bruit de fond si elle ne s’adapte pas à la réalité locale. Politiquement aussi, l’alternance est bénéfique à la démocratie, elle permet de se renouveler, de se réinventer, de bousculer les réseaux et l’entre soi. Malgré les discours de la nouvelle équipe qui laissent entrevoir des changements positifs, nous resterons vigilants à ce qui ne pourraient être qu’une façade et au final nous retrouver encore dans la même situation insatisfaisante sur de nombreux sujets qui nous tiennent à cœur, en étant peu entendus.

Nous sommes un comité territorial de la FFME, nous allons continuer à œuvrer pour soutenir la multi activité, défendre les sites de pratiques de pleine nature, en Escalade ou en Canyon, participer en liaison avec les collectivité et les autres partenaires aux évolutions nécessaires que la crise sanitaire à fait apparaître illustrées par l’afflux massif des pratiquants en site naturel et en montagne.

Nous resterons ouverts et prêt à collaborer avec la nouvelle équipe nationale. Nous sommes par conséquent dans l’attente de voir comment va se mettre en place le dialogue avec les territoires et comment vont être fédérées nos différences, nous attendons également une lisibilité sur la feuille de route et les grandes lignes politiques pour chacune de nos activité et quels en seront les pilotes au niveau national (élus et cadres techniques).

L’Isère et plus largement la région AURA sont incontournables pour notre fédération car elles regroupent toute la diversité de nos activités et des problématiques qui leurs sont associées, tout cela pour 25% des licenciés nationaux et des milliers d’autres qui nous rendent visite régulièrement pour pratiquer leur loisir. En matière de SNE un dispositif pilote se met en place avec le département et beaucoup d’autres départements sont intéressés et vont adopter ce modèle. Le national aura à apprendre de ces initiatives locales.

Alors si notre engagement pour les clubs, le pratiquant et notre loyauté pour la ffme restent intacts, nous resterons attentifs et critique envers la politique que la nouvelle équipe mettra en œuvre, ceci dans l’intérêt même de notre fédération et de nos licenciés et non à cause d’une déception électorale car ainsi va la démocratie et nous y adhérons.

Le fonctionnement de la présidence de Pierre You et ses choix politiques ne nous convenaient pas et ont conduit à un fort délitement du nombre de nos clubs et licenciés en Isère, l’annonce du déconventionnement des SNE étant un coup de grâce en adressant un très mauvais message aux pratiquants « loisir » qui se demandent maintenant à quoi ça sert d’être à la Fédé sur un département de montagne et de falaises où les belles SAE sont privées. L’équipe d’Alain Carrière devra donc nous étonner et être capable de rompre avec ce logiciel dépassé, toutefois certains indicateurs nous inquiètent comme par exemple la volonté de reconduire la même direction technique nationale. Notre vigilance pourrait rapidement se dégrader en défiance si rien ne bouge.

En matière de SNE notamment, les derniers actes de la présidence You
suscitent de nombreuses questions et inquiétudes, avec  par exemple encore aujourd’hui le maintien annoncé de l’objectif de déconventionnement pour fin 2022 alors même qu’une évolution très probable de la loi ne le justifiera plus vraiment et pourrait ainsi préserver des petits sites « fragiles » à enjeu local dont aucune collectivité ne voudrait prendre la garde et qui serait une catastrophe pour le club local.

Nous sommes également très curieux de savoir comment vont s’articuler les choix et les financements de la fondation « rock climber » pour des projets SNE avec la politique menée par les CT dans ce domaine en liaison avec les autres acteurs locaux, c’est un projet qui ouvrira sans doute des perspectives de financement à moyen terme mais qui pourrait conduire à des dysfonctionnements structurels entre le niveau des territoires et un décisionnel privé en dehors de la fédération et de ses instances démocratiques.

Enfin comment redonner l’envie au pratiquant d’activités de montagne ou d’escalade en loisir de revenir dans un club FFME ?

La gestion et l’entretien des falaises par la FFME favorisaient cela. Les grimpeurs appartenaient souvent à un club ffme pour participer à cet effort et à un club FFCAM pour les refuges entres autres. Depuis le déconventionnement, ce message ne passe plus et la reconquête va être difficile.

Nous sommes donc dans le «wait and see », pas bloqué, prêt à jouer le jeu mais notre patience sera limitée dans le temps et nous attendons rapidement des signes forts et convaincants qui vont dans le sens du sport pour tous, de la préservation de nos sites pour la pratique des différentes activités de montagne et d’escalade et d’un dialogue renforcé et attentif du national avec ses comités territoriaux.

Le Comité Directeur du CT38 FFME

*Les résultats de l’assemblée générale élective de la FFME-2021 :

https://www.ffme.fr/resultats-de-lassemblee-generale-elective-de-la-ffme-2021/