Crédit Photo: ©Camille Meyer (fournie par Sylvain Cambon)

Voilà déjà une semaine que nous avons appris le décès de Jean-Michel Cambon. Cette terrible et si soudaine nouvelle a sidéré le milieu de la grimpe. Elle est arrivée dans cette période si étrange et anxiogène de pandémie. Tout est chamboulé, nos certitudes et nos repères sont bousculés et disparaissent, les temps sont surréalistes. Jean-Michel pour nous grimpeurs, était un repère et ce vide brutal se rajoute et nous déboussole. De très nombreux pratiquants occasionnels ou confirmés, équipeurs, amis, ont décrit avec tout leur cœur, toute leur émotion la tristesse laissée par cette disparition. Beaucoup de reconnaissance, et de remerciements ont été exprimés pour cet homme hors du commun. L’extraordinaire œuvre réalisée par Jean-Michel et l’héritage qu’il nous lègue ont été soulignés et rappelés. Prochainement sans doute de nombreux articles et témoignages seront publiés dans les revues de montagne pour rendre hommage à ce si « grand petit bonhomme » et retracer son parcours. Mais tout ce qu’on pourra dire, écrire sera tellement en deçà de la réalité de sa passion, de son investissement, de sa ténacité et son incroyable volonté jamais émoussée… Jean-Michel a scotché tous les équipeurs, même les plus énervés par son infatigable activité, son inépuisable créativité, son intarissable motivation.

Jean-Michel avait une vraie conscience politique et militante. D’ailleurs son engagement en club et au sein du comité territorial de la FFME Isère témoigne de cette volonté de contribuer au développement de l’escalade en site naturel, défendre celle-ci face aux multiples menaces qui pourraient dans un avenir pas si lointain la transformer en activité « indoor ». Il avait une grande méfiance envers l’usine à réglementation que sont la technocratie et l’administration. Ce versant anarchiste en faisait une personne unique.

Le haut niveau l’intéressait, il en a fait partie dans une vie précédente avec Bernard Francou son compère de cordée, d’ailleurs certaines de ses créations restent de bons challenges pour le grimpeur moderne. Toutefois depuis les 2 dernières décennies, ses efforts se sont concentrés sur les voies accessibles aux grimpeurs de niveau moyen capables de grimper du 5c /6a entre les points. Il a ainsi découvert et exploré des falaises oubliées ou délaissées (Rochers de l’homme, Falaises du Drac et moult parois de l’Oisans). Des chantiers incroyables ont été réalisés et des voies par dizaines ont vu le jour. Au-delà de la passion, on peut parler d’un sens aigu de l’intérêt général pour une démocratisation de la grimpe en montagne réservées jusqu’alors à des grimpeurs aguerris. Il a inventé la grimpe « plaisir » en montagne. Que serait devenue l’escalade en grandes voies sans les itinéraires « Cambon ». Sans doute une pratique élitiste et restreinte. Combien de générations lui doivent ainsi des moments d’intenses joies !

Pour tout cela, il s’était également investi au sein de la FFME, nous pouvons être fiers d’avoir eu un tel compagnon.

Alors maintenant que vont devenir toutes ses voies orphelines ? Il avait commencé un rééquipement de certaines, souvent d’ailleurs en les rendant plus accessibles. C’est un patrimoine inestimable qu’il faudra préserver et entretenir pour sa mémoire bien sûr mais surtout pour les grimpeurs des générations futures. C’est sûrement ce qu’il aurait voulu.

Nos pensées vont à sa famille, à sa compagne, à ses enfants qui devront surmonter cette épreuve terrible.

Nous te remercions Jean-Michel pour avoir été là et fait autant de choses magnifiques.

Le C.T. 38 FFME